mercredi 13 mai 2020

Une métamorphose qui change tout!

Une mutation est un changement radical, en profondeur. Dans le domaine du vivant, cela se passe au niveau de l'ADN. Et cela entraîne parfois une métamorphose, c'est à dire une transformation complète, un passage d'une forme à une autre...
Montrer ce passage entre l'avant et l'après, c'est montrer un des processus fondamentaux de la création de nouvelles formes. En art, il est possible de rendre visible ce mécanisme en s'appuyant sur un décalage progressif des formes.


Caricature, J.J. Grandville, XIXe S.
Glissement de l'angle facial par basculement de son axe.
Comment naissent les bateaux. Jean Olivier Héron, 1971.
Utilisation des changements de forme par la gestuelle jusqu'à créer une analogie formelle avec l'image finale.
Métamorphose I : l’Air et l’Eau (1938), MC Escher.  
Écartement et rapprochement progressifs des formes et con
tre-formes dans un mouvement de translation du regard.

Caricature "les poires", Honoré Daumier, 1831.
Altération d'une image à l'autre des traits du visage de Louis Philippe, le transformant en poire (symbolisant la bêtise et la complaisance).
L'enchaînement des images permet de créer une impression de mouvement évolutif.



 Visages d'art, vidéo créée par traitement numérique d'images fixes, Philip Scott Johnson, 2008.
Le morphing permet un enchaînement fluide et plus naturel des images.


"Metamorphosis". Kailee Lee.
Le format d'image numérique GIF permet de créer des boucles en image par image.


Cliquer ici pour voir les travaux des élèves.

mardi 12 mai 2020

Créer c'est envahir l'espace

Que ce soit pour créer une image fixe ou en mouvement, la création consiste à remplir peu à peu un espace donné, qui laisse transparaître la chronologie du processus technique. Les phénomènes de propagation, de dissémination, de prolifération sont des gestes créateurs!
Il suivent des logiques particulières, liées à l'intention de l'artiste, aux contraintes physiques et matérielles, ou aux mouvements naturels de la mécanique des fluides ou de perpétuation des espèces vivantes...

Cliquer ici pour voir les images animées en GIF des élèves

L'animation, qui donne l'illusion du mouvement en intégrant la dimension temporelle, permet d'impliquer le spectateur, en faisant de lui le témoin de l'évolution de l'image qui bouge.

A l'inverse, dans les installations, formes privilégiées en art des processus créatifs de contamination et de contagion, c'est le spectateur qui est amené à déambuler, c'est à dire à passer du temps et à bouger, dans un environnement spatial fixe, en mouvement ou en évolution.

Uncertain journey, 2017, Chiharu Shiota. 

Leviathan Thot, 2006, NETO

Bololô, 2011, Henrique Oliveira

 Sculpture, 2011, Guzman.

Contamination, 2007, Joana Vasconcelos.

Dot obsession, 2004. Yayoi Kusama.

 Instant mashed patatoïd, 2002, Michel Blazi.

Une effrayante et dangereuse beauté

Le monde du minuscule est d'une très grande beauté. Les images des micro organismes qui peuplent ces écosystèmes, sorties de leur contexte, peuvent nous sembler abstraites. Invisible à l'oeil nu, les formes naturelles, mais souvent géométriques, des microbes, virus et autres êtres vivants micro cellulaires nous semblent dénuées de références: elles ne sont que des formes!

Bleu de ciel, 1940, Vassily Kandinsky.
Tableau abstrait. Huile sur toile. Centre Georges Pompidou, Paris.

Mais dès que nous savons de quoi il s'agit, dès que nous lui donnons un nom, la forme abstraite devient figurative: elle représente bien quelque chose de tangible!
Quelque chose qui jusqu'alors nous était inconnu, que nous n'avions jamais vu. "Nous ne voyons vraiment que ce que nous connaissons, que ce que nous reconnaissons..."
Des artistes et des scientifiques se sont donné pour mission de représenter cet univers fabuleux, afin d'en partager la beauté et de mieux le comprendre. Problème : comment montrer ce qui ne se voit pas?

Image non transformée du coronavirus

Tout d'abord, agrandir à notre échelle humaine en utilisant les microscopes des scientifiques, ainsi que leurs expériences et leurs connaissances, afin de comprendre comment ces formes fonctionnent entre elles.
Choisir une représentation en deux dimensions ou en trois dimensions, un point de vue, des matériaux, des couleurs...
Le choix est subjectif: à cette échelle du vivant, la couleur n'existe pas! Ces organismes sont en effet plus petits que les longueurs d'onde lumineuses...
Même sous un microscope, on ne les voit pas vraiment : on transforme leur ombre en image photographique pour pouvoir les observer, puis celle-ci est modélisée par ordinateur, qui va mettre en place les codes couleurs qui lui ont été programmés!

Diverses modélisations en 2D du coronavirus
Diverses modélisations effet 3D du coronavirus
Ainsi, afin d'informer sans provoquer la panique, les couleurs choisies par les scientifiques pour représenter le coronavirus dans les média pendant la pandémie, sont-elles vives pour attirer l'attention et mettre l’œil en alerte, mais restent harmonieuses et agréables, pour ne pas faire détourner le regard par terreur ou dégoût. Elles semblent inspirées des pigmentations des moisissures, qui nous sont connues dans notre vie quotidienne et dont nous savons nous méfier.

De même, en art, les couleurs et les matières vont être choisies en fonction de ce que veulent leur faire dire les artistes!
Ils vont eux aussi utiliser l'expressivité de ces constituants plastiques, c'est à dire leur propriété à engendrer certaines sensations et émotions, qui seront plus ou moins communes à tous les spectateurs, en dehors des symboliques liées à leurs cultures.

David Goodsell, par exemple, utilise des couleurs pastelles et lumineuses, à l'aquarelle, qui donnent au spectateur une sensation de douceur, de tendresse.
Son objectif est de nous montrer combien ce monde fascinant, qui nous est invisible, nous est intime et vit en symbiose avec nous.


Luke Jerram, quand à lui, a choisi de travailler avec du verre, afin de montrer la beauté géométrique  des formes, avec lesquelles on fait jouer la lumière pour les rendre perceptibles. L'aspect dur et froid du verre, ses propriétés de transparence, de matité et de brillance, son aspect artificiel, fragile, provoquent une sensation ambiguë, à la fois de grande délicatesse et de danger révélé.



Les élèves de sixième et de cinquième ont cherché eux aussi les formes et les couleurs qu'ils donneraient à la représentation d'un virus qui fait peur, afin d'en montrer l'agressivité et le danger.

 Cliquer ici pour voir les travaux des élèves
Cliquer ici pour voir les travaux des élèves

mercredi 29 avril 2020

Je confine, tu confines, nous dessinons...

Pendant cette période de confinement, petit rituel hebdomadaire: Silence, on dessine! L'oeuvre de la semaine.
Histoire de se cultiver, de se changer les idées, d'exorciser ses peurs, de garder de bonnes habitudes de travail.
Quelques travaux d'élèves: un régal pour les yeux!

Cliquer ici pour voir les dessins de Saint Georges

Cliquer ici pour voir les dessins de Lascaux

Cliquer ici pour voir les dessin de la carpe koï

jeudi 26 mars 2020

Comment créer un folioscope?

Le folioscope (appelé flip book en anglais) est un procédé d'animation d'image
qui joue sur la persistance rétinienne et l'effet phi.

Facile avec des post it:
Ingénieux pour aller vite:

Retrouvez des exemples sur la chaine you tube du blog dans la playlist créée: "Animation, vidéo, cinéma"




dimanche 2 février 2020

Cadrage de film d'horreur

Le point de vue, appelé cadrage dans certains domaines artistiques tels que la photographie ou le cinéma, est un des éléments de la composition d'une image.
Cela consiste à placer l'oeil du spectateur dans un certain cadre (les limites de l'image), selon une distance, un angle et une orientation vis à vis du sujet, qui va induire une sensation particulière, avec un impact psychologique plus ou moins important.

Références des films d'Alfred Hitchcock dont sont issues les images:
1. L'ombre d'un doute (1943)
2. Fenêtre sur cours (1954)
3. La main au collet (1955)
4. Le faux coupable (1956)
5. Sueurs froides (1958)
6. La mort aux trousses (1959)
7. Psychose (1960)
8. Les oiseaux (1963)

Le champs de l'image est l'espace de représentation que l'on voit dans le cadre. Il correspond au champs de vision que l'on impose au spectateur, avec une certaine ouverture (du grand angle au téléobjectif ), un format d'image (proportions du cadre) et une orientation (place et direction du regard du spectateur).

(1) Champs: vue d'une scène
(1) Contre champs: vue opposée de la même scène
(2) Hors champs:ce qui n'est pas dans l'image, mais que l'on imagine en dehors de son cadre
(6) Avec des effets de reflets, champs, contrechamps et hors champs peuvent se superposer, s'incruster, se suggérer, ...

Construction des plans:

L'éloignement des plans successifs dans l'image donne une impression d'espace qui change selon le cadrage. Les sujets ont un rapport de proportion, vis à vis de l'espace environnant et du cadre, appelé échelle des plans.

(8) Éloignement des plans: les plans se superposent les uns derrière les autres et diminuent de taille vers le lointain. Ils créent ainsi une impression de profondeur dans l'image, les premiers plans étant les plus proches du regard du spectateur.

(3) Cliquer ici pour visualiser l'échelle des plans et savoir quelle sensation ils procurent

Angle de vue: il permet de tourner autour du sujet, ce qui procure une perception très différente d'un angle de vue à l'autre.

Verticalement, selon un axe horizontal:

(4) Plongée: vue d'en haut (sentiment de domination)
(4) Contre plongée: vue d'en bas (sentiment de vulnérabilité)
Les effets peuvent être amplifiés jusqu'à une perte des repères spatiaux conduisant à un certain malaise.

(5) Zénith: juste au dessus du sujet 
(2) Da sotto in su: juste en dessous du sujet

Horizontalement, selon un axe vertical:

Alfred Hitchcock. Vue de face
Alfred Hitchcock. Vue de profil
Alfred Hitchcock. Vue de trois quart
Alfred Hitchcock. Vue de dos
Ces angles de vue impliquent plus ou moins le spectateur dans la scène, selon des modalités différentes (voyeur, participant, pris à témoin...etc...)
Tous ces éléments liés aux points de vue provoquent des effets particuliers de perspective:

Alfred Hitchcock. Perspective amplifiée: les plans s'éloignent les uns des autres: l'espace parait plus grand
(2) Raccourci: les plans se rapprochent les uns des autres, l'espace est écrasé, il parait plus petit

(7) Les points de vue chez Alfred Hitchcock: un petit montage vidéo pour s'amuser à dire le vocabulaire spécifique le plus vite possible en suivant le déroulement du film!

Autres articles plus anciens sur les points de vue:

https://cimaisesetgribouillis.blogspot.com/2018/12/point-de-vue-voir-vraiment-ce-que-lon.html

https://cimaisesetgribouillis.blogspot.com/2019/03/zoom-arriere.html

https://cimaisesetgribouillis.blogspot.com/2018/12/la-bd-des-petits-morceaux-de-points-de.html

jeudi 9 janvier 2020

Liberté d'expression: le combat de Charlie continue

Non, ce célèbre tableau ne représente pas la révolution française!
En 1830, Charles X veut changer les lois électorales et supprimer la liberté de la presse: le peuple se soulève, les "trois glorieuses" de la révolution de juillet entraînent sa démission et l'accès au pouvoir de Louis Philippe. Delacroix décrit une scène de barricade entièrement symbolique, à laquelle il donne une apparence de réalité moderne, emblématique du romantisme pictural.
(Cliquer ICI pour comprendre l'histoire par l'analyse de l'image).

La liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix, 1830
Cinq ans après les attentats contre Charlie Hebdo, il est bon de se souvenir que sans liberté d'expression, pas de démocratie. Quitte à choquer certaines sensibilités...
La liberté sera toujours plus forte, Plantu, dessin de presse pour le journal le Monde, 9 janvier 2015


Ce tableau est un symbole de l'histoire de France, mais il est également devenu une oeuvre emblématique de la lutte pour la liberté partout dans le monde, universelle et intemporelle.
Billet de 100 francs, 1979-1997