mardi 12 mai 2020

Une effrayante et dangereuse beauté

Le monde du minuscule est d'une très grande beauté. Les images des micro organismes qui peuplent ces écosystèmes, sorties de leur contexte, peuvent nous sembler abstraites. Invisible à l'oeil nu, les formes naturelles, mais souvent géométriques, des microbes, virus et autres êtres vivants micro cellulaires nous semblent dénuées de références: elles ne sont que des formes!

Bleu de ciel, 1940, Vassily Kandinsky.
Tableau abstrait. Huile sur toile. Centre Georges Pompidou, Paris.

Mais dès que nous savons de quoi il s'agit, dès que nous lui donnons un nom, la forme abstraite devient figurative: elle représente bien quelque chose de tangible!
Quelque chose qui jusqu'alors nous était inconnu, que nous n'avions jamais vu. "Nous ne voyons vraiment que ce que nous connaissons, que ce que nous reconnaissons..."
Des artistes et des scientifiques se sont donné pour mission de représenter cet univers fabuleux, afin d'en partager la beauté et de mieux le comprendre. Problème : comment montrer ce qui ne se voit pas?

Image non transformée du coronavirus

Tout d'abord, agrandir à notre échelle humaine en utilisant les microscopes des scientifiques, ainsi que leurs expériences et leurs connaissances, afin de comprendre comment ces formes fonctionnent entre elles.
Choisir une représentation en deux dimensions ou en trois dimensions, un point de vue, des matériaux, des couleurs...
Le choix est subjectif: à cette échelle du vivant, la couleur n'existe pas! Ces organismes sont en effet plus petits que les longueurs d'onde lumineuses...
Même sous un microscope, on ne les voit pas vraiment : on transforme leur ombre en image photographique pour pouvoir les observer, puis celle-ci est modélisée par ordinateur, qui va mettre en place les codes couleurs qui lui ont été programmés!

Diverses modélisations en 2D du coronavirus
Diverses modélisations effet 3D du coronavirus
Ainsi, afin d'informer sans provoquer la panique, les couleurs choisies par les scientifiques pour représenter le coronavirus dans les média pendant la pandémie, sont-elles vives pour attirer l'attention et mettre l’œil en alerte, mais restent harmonieuses et agréables, pour ne pas faire détourner le regard par terreur ou dégoût. Elles semblent inspirées des pigmentations des moisissures, qui nous sont connues dans notre vie quotidienne et dont nous savons nous méfier.

De même, en art, les couleurs et les matières vont être choisies en fonction de ce que veulent leur faire dire les artistes!
Ils vont eux aussi utiliser l'expressivité de ces constituants plastiques, c'est à dire leur propriété à engendrer certaines sensations et émotions, qui seront plus ou moins communes à tous les spectateurs, en dehors des symboliques liées à leurs cultures.

David Goodsell, par exemple, utilise des couleurs pastelles et lumineuses, à l'aquarelle, qui donnent au spectateur une sensation de douceur, de tendresse.
Son objectif est de nous montrer combien ce monde fascinant, qui nous est invisible, nous est intime et vit en symbiose avec nous.


Luke Jerram, quand à lui, a choisi de travailler avec du verre, afin de montrer la beauté géométrique  des formes, avec lesquelles on fait jouer la lumière pour les rendre perceptibles. L'aspect dur et froid du verre, ses propriétés de transparence, de matité et de brillance, son aspect artificiel, fragile, provoquent une sensation ambiguë, à la fois de grande délicatesse et de danger révélé.



Les élèves de sixième et de cinquième ont cherché eux aussi les formes et les couleurs qu'ils donneraient à la représentation d'un virus qui fait peur, afin d'en montrer l'agressivité et le danger.

 Cliquer ici pour voir les travaux des élèves
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